Maros Sefcovic : "La transition doit être juste et verte, mais respecter la compétitivité"
Description
Nous recevons cette semaine le numéro 2 de la Commission européenne, le Slovaque Maros Sefcovic, qui termine son troisième mandat de Commissaire, et dont le portefeuille déjà large s’est étendu au Pacte Vert après la démission de Frans Timmermans en août 2023. Les négociations avec les agriculteurs et les industriels ont contraint la Commission à de nombreux ajustements, que certains considèrent comme une marche arrière. Il en appelle à un soutien public pour mener à bien une transition écologique qui doit être juste, sans pour autant oublier les défis de compétitivité de l'Union européenne.
Lorsque Maros Sefcovic a repris le Pacte Vert sous sa responsabilité, les processus étaient déjà bien engagés. "Nous sommes à une étape plus compliquée de ce Pacte. Beaucoup, beaucoup plus difficile, parce qu'on est en pleine mise en œuvre. Comment on peut faire cette mise en œuvre d'une manière juste, efficace, à l'écoute aussi de nos collègues industriels et agricoles."
Il justifie les mesures d’assouplissement des règles agroécologiques de la Politiques agricole commune : "Nos agriculteurs ont perdu presque 20 milliards d'euros seulement dans le domaine des céréales", souligne celui qui a "entamé un dialogue stratégique avec la monde agricole, complétées en août pour présenter les recommandations pour la prochaine Commission européenne". Il entend par ailleurs "pousser pour des objectifs plus verts, et en même temps garder notre compétitivité".
Un prix de l'énergie trop élevé en Europe
Concernant l'industrie, Maros Sefcovic estime que les prix de l’énergie sont encore trop élevés par rapport à ceux dont jouissent les concurrents de l'Europe aux États-Unis et en Chine : "C'est pourquoi je crois qu'il sera très important de trouver une solution, de rechercher toutes les possibilités qu'on a en Europe, parce que c'est un facteur très, très important, spécialement pour notre industrie lourde et notre industrie verte". Il suggère une réduction des taxes nationales.
Sur le discours de la Sorbonne du président Macron, il s’inquiète lui aussi du caractère "mortelle" de l'Europe : "Nous sommes dans une situation vraiment précaire. D'un côté, on a démontré une résilience au cours des quatre dernières années, avec l'inflation élevée, le problème du Covid, de l'énergie, et ces deux guerres, très proches de nous : bien sûr que nous sommes beaucoup plus impactés que la Chine ou les États-Unis."
L’État de droit est mis en cause dans son pays, la Slovaquie, par le populiste Robert Fico, et c’est ce gouvernement qui décidera de son avenir politique. Il rempilerait bien pour un 4e mandat, "dans le domaine de l'énergie ou de l'industrie, je suis disponible. Je suis prêt à servir l'Europe", conclut-il.
Une émission préparée par Agnès Le Cossec, Isabelle Romero et Perrine Desplats